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Il me fit répondre qu’il se rendait chez Sa Majesté et ne pourrait me voir qu’à 4 heures. Je fais part à Votre Altesse de ces détails pour Lui expliquer les retards involontaires que j’ai mis à Lui répondre.
Dans mon entretien avec Mr de Bülow, je lui fis part en premier lieu des démarches que nous suggérions au Cabinet Allemand à Londres, pour rendre le Gouvernement anglais attentif à l’attitude de son Ambas sadeur à Constantinople.
Mr de Bülow m’observa de suite que le Baron de Werther ne lui avait rien mandé de particulier à cet égard en dernier lieu. Néanmoins le Cabinet de Berlin se rendait parfaitement compte par les rapports antérieurs de son Ambassadeur, des inconvéniens (sic!) sérieux résultant de cette attitude.
Toutefois le Secrétaire d’Etat releva que les questions de person nes étaient toujours délicates à traiter vis-à-vis d’un Gouvernement étran ger. De plus Sir H. Elliot était un whig qui s’était comprom's pour le parti tory et qui plus est apparenté aux Russells et comme tel forte ment patroné à Londres.
Il me demanda finalement le tems (sic!) de la réflexion pour se rendre compte si et comment il pourrait agir dans cette affaire délicate selon nos suggestions.
J’insistai d’autant moins sur ce point, Monsieur le Chancelier, qu’il me tenait à coeur de m’assurer de la coopération du Cabinet de Berlin dans la seconde demande que j’étais chargé de lui formuler.
Je dis au Secrétaire d’Etat quant à cette dernière que j’avais l’ordre de renouveler nos démarches avec insistance et qu’il devait s’attendre à ce que j’exécute ponctuellement cet ordre. Je lui laissai entrevoir que je reviendrais souvent à la charge et que je ne lui laisserais ni trêve ni repos, jusqu’à ce que le Gouvernement allemand n’ait fait droit à cette demande.
Je lui dis en même tems (sic!) que le Cabinet anglais ne ferait pas d’opposition à notre démarche, ce qui devrait faciliter les décisions des autres Puissances et du Cabinet Allemand en particulier. Enfin, m’inspi rant de Votre télégramme du 8/20 Octobre, je donnai confidentiellement lecture à Mr de Bülow d’un soi-disant passage d’un télégramme de Votre Altesse ainsi conçu:
»Nous pensons que le Cabinet de Berlin n’hésitera pas à appuyer l’armistice demandé, par réciprocité des nombreux services que nous avons rendus au Gouvernement allemand à d’autres époques et dont il conserve le souvenir«.
M1 de Bülow me répondit de suite qu’il prendrait les ordres de l’Empereur et Roi et qu’il ne doutait pas qu’ils ne soient favorables. En effet le Cabinet Allemand avait déjà fait savoir à Londres et il ne l’avait pas laissé ignorer à mes collègues de Berlin que le Gouvernement al lemand nous reconnaissait le droit de reprendre les négociations à Con stantinople, sur les bases anglaises, les divers Cabinet ayant répondu isolément aux ouvertures responsives de la Porte et sans se concerter préalablement sur la réponse que la Turquie avait opposée à une dé marche commune des Puissances.
Je retournai le lendemain au Ministère pour connaître les décisions de Sa Majesté. Mr de Bülow m’annonça qu’elles étaient favorables, ainsi
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