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 res Etrangères. J’apprends en effet que quelques modifications ont été introduites dans le mémorandum qui sera soumis encore une fois à la
sanction du Sultan avant de nous être communiqué.
D’après ce qui avait transpiré sur le contenu de cette réponse, elle
devait décliner dans des termes courtois l’offre d’un armistice, en affir­ mant le désir de la Porte d’arrêter les hostilités dès que les bases de la paix seraient établies, et même de ralentir, pour en faciliter la discus­ sion, la marche des opérations militaires. Comme conditions auxquelles la Porte consentirait à faire cesser la lutte le mémorandum devait poser: 1) Une nouvelle élection du Prince de Serbie, sans exclusion du Prince actuel, qui pourrait être maintenu en vertu d’un nouveaux choix.
2) La réoccupation des quatre forteresses cedées par le firman de 1867. 3) L’abolition des fortifications sur la frontière.
4) La réforme du système de la milice, aboutissant à la réduction des
forces serbes.
5) La construction dans un terme fixe d’un chemin de fer de Belgrade
à Alexinatz qui serait administré et exploité par une compagnie Otto­
mane et enfin
6) Le droit pour les troupes Ottomanes d’entrer en Serbie lorsque les
circonstances l’exigeraient, sans demander préalablement l'autorisa­ tion de Puissances.
Ces demandes devaient constituer la série des garanties par les­ quelles la Porte croyait pouvoir se mettre à l’abri d’une nouvelle attaque Serbe. Quelques unes d’entre elles paraissent avoir été supprimées mais quels que soient les points restants ils modifient en tout cas trop sen­ siblement le status quo ante pour pouvoir, semble-t-il, être acceptés par les Puissances. Même en cas de succès désisif des troupes Turques ame­ nant l’occupation de toute la Principauté, l’Europe hésiterait probable­ ment à raffermir la domination Ottomane dans une Province Chrétienne, après les excès sanglants qui viennent de discréditer le régime Turc aux yeux du monde civilisé. Or, en ce moment, les opérations militaires sem­ blent éprouver de nouveau un temps d’arrêt. En Serbie, les troupes Ottomanes avancent lentement sur la rive gauche de la Morava, après avoir masqué Alexinatz, ayant probablement reconnu l’impossibilité de s’en emparer promptement. Les nouvelles de l’armée manquent depuis quelques jours, et on ne serait pas sans inquiétude sur son sort, la marche sur Déligrade présentant au dire des militaires, un danger permanent pour les Turcs d’être coupés de leur base d’opération Nisch. Dans le Monténégro le premier essai de Dervich Pacha de pénétrer dans le pays n’a pas été courronné de succès. D’après les nouvelles que j’ai re­ çues de Scutari et de Raguse, et qui sont confirmées par des informa­ tions venant d’autres sources étrangères, la défaite des Turcs aurait été très considérable. Il s’agit de savoir si Moukhtar Pacha qui s'est avancé jusqu’à Grahovo, sera plus heureux dans le Nord.
) Si, malgré cette situation qui est loin de mettre à sa merci les deux Principautés, la Porte se montre rebelle aux conseils des Puissan­ ces et élève des prétentions inadmissibles c’est qu’elle a à compter avec une opinion publique, excitée à un très haut degré. Le Gouvernement Ottoman ne semble pas être à même de la dominer entièrement et quel­ que déraisonnable que paraisse la continuation des hostilités, elle est hautement reclamée par les Musulmans. Car ils ne se rendent pas compte
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