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déjà sollicité des instructions sur les points indiqués. Si dans l’opinion du Cabinet Impérial les bases de pacification devaient être discutées en même temps que la suspension des hostilités, j’oserai prier très hum
blement Votre Altesse de me faire connaître les ordres à ce sujet.
Quant à la Porte, je viens d’apprendre de Safvet Pacha qu’instruite de la médiation qui va lui être offerte par les Grandes Puissances, elle, se propose de discuter la réponse qu’elle aurait à faire à nos ouvertures dans un Conseil qui doit être tenu dans ce but Mercredi. D’après ce que j’ai pu remarquer et en combinant mes observations personnelles avec les renseignements qui me parviennent, on serait impatient à la Porte d’en venir au plus tôt à un arrangement avec les Vassaux afin de ne point laisser traîner la guerre jusqu’à la mauvaise saison, une campagne d’hiver pouvant être à la lettre ruineuse pour la Turquie. A ce point de vue, la perte ou le gain d’une bataille ne saurait influer qu’insensiblement sur les conditions de paix qui pourraient être obtenues en faveur de la Ser bie. Comme il n’est point question de changer la situation créée à la Principauté par les traités aussi longtemps que l’armée Serbe n’aura pas recommencé une campagne offensive en Turquie et que d’autres diffi
cultés extérieures ou soulèvements intérieurs ne seront pas venus com pliqués (sic!) la position de la Porte, le status quo ante ne saurait être sensiblement modifié ni en faveur ni contre le Gouvernement du Prince Milan. Il est même à supposer qu’après avoir éprouvé des échecs les Turcs, placés dans l’impossibilité de calmer l’effervescence de l’opi nion publique par le récit de victoires remportées, chercheront à sup- plér à l’absence d’une pareille satisfaction par l’acquisition de quelques avantages au moins extérieurs sur la Principauté. Tandis qu’en ayant leur honneur militaire sauf, ils auraient pu, de l’aveu même des Ministres Ottomans, se montrer plus coulants dans les conditions à accorder au Prince Milan.
Il est bien entendu, Monsieur le Chancelier, que des succès décisifs et continus de l’armée Serbe devraient nécessairement changer la face des choses, mais alors la question même de la pacification ne serait plus, selon toute probabilité, accueillie favorablement par le peuple et
l’armée Serbes, et les Grandes Prissances qui en auraient fait la de mande au nom de la Principauté pourraient voir leur démarche embar rassée par les nouvelles manifestations guerrières des sujets du Prince Milan.
C’est pour cela qu’en vue de la récente victoire de l’armée du Gé néral Tcherniaew qui semble présager de nouveaux succès et même une action offensive de la part des Serbes, tandis que les conseils de recours à
la médiation donnés au Prince Milan par Votre Altesse n’avaient en vue qu’une nécessité réelle d’une suspension immédiate des hostilités, il pa raîtrait prudent de ne procéder qu'avec une extrême circonspection à l’égard des négociations de paix afin de ne point compromettre par une trop grande précipitation, ni l'action des Cabinets médiateurs, ni les intérêts (sic!) Serbes. Si ces derniers ont été trop imprudemment mis en jeu sous la pression d’une exaltation exphémère du patriotisme au moins faudrait-il qu’ils ne fussent pas sacrifiés dans un accès de décourage ment aux atteintes d’une pusillanimité momentanée.
АВПР, K-31. Nélidow 501