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avec la Turquie, et qui me prescrivait en même temps d'appuyer cette demande lorsque les autres Représentants auront reçu des instructions dans le même sens.
Une heure après j’étais mis en possession d’une dépêche de Mr. Kartzew m’annonçant que cette demande venait d’être adressée par le Prince Milan aux Représentants des six Grandes Puissances. Le lende main matin un nouveau télégramme de notre Agent m’informait de la victoire éclatante remportée par le Général Tcherniaew sur l’armée d’Achmed Eyoub Pacha et de l'effet favorable que ce fait d'armes avait exercé sur l’esprit de la troupe. Le Prince Milan espérait en profiter pour obtenir des conditions de paix plus avantageuses.
Ayant cherché à m’instruire sur les ordres qui étaient parvenus aux Représentants des cinq autres Puissances garantes, j’appris que les Ambassadeurs d’Angleterre et de France, ainsi que le Ministre d’Italie avaient reçu l’invitation formelle d’appuyer la demande de suspension d’armes formulée par le Prince de Serbie. Le Comte Zichy et le Baron de Werther n’avaient eu communications que de la démarche du Prince Milan sans aucune instruction pour la soutenir. Me conformant stricte ment aux ordres de Votre Altesse, j’attendrai que les Représentants soient munis de directions précises pour entreprendre auprès de la Porte l’action qui ne saurait, de l'aveu général être menée qu’en commun.
Mais avant d’y procéder on se trouve en face de deux questions préalables qui ne peuvent être résolues que par les cabinets eux-mêmes:
1, Dans les instructions adressés aux Représentants de la Grande Bretagne, de la France et de l’Italie, ainsi que dans le télégramme de Votre Altesse, il n'est question que de la Serbie sans mention du Monté négro. Quoique le Prince Milan ait demandé ^intercession des Puis sances aussi en faveur de son allié, il a déclaré pourtant ne pas être autorisé à parler en son nom, tout en croyant agir conforment à ses désirs manifestés dans une entente préalable. Les Représentants des Puissances à Constantinople sont-ils autorisés à négocier avec la Porte pour les deux Principautés et peuvent-ils répondre à une question éven tuelle des Ministres Ottomans, qu’ils agissent en vertu d’une demande du Prince Nicolas?
2, La plupart des télégrammes reçus par les Missions Etrangères sur la demande de médiation ne parlent que d’une »cessation des hos tilités«. Je relève dans les télégrammes secrets de Votre Altesse à Mr. Kartzew en date du 6 et du 7 Août le terme de »suspension des opéra tions militaires«, tandis que le Prince Milan semble avoir fait entendre aux Agens (sic!) des Gouvernemens (sic!) qu’il désirait »le rétablissement des relations pacifiques«. Tel est du moins le sens du télégramme que j’ai reçu de Mr. Kartzew D’ailleurs, la Sublime Porte qui parait disposée aujourd’hui à accepter la médiation des Grandes Puissances sans insi ster sur le recours direct du Prince qu’elle recherchait naguère, deman dera, selon les indices que nous avons à établir immédiatement les bases de la pacification future, mais fera des difficultés pour la conclusion d’un simple armistice.
C’est pour être éclairé sur ces deux questions préalables que j’ai eu l’honneur d’adresser à Votre Altesse mon télégramme secret d’hier, les Représentants de la Grande Bretagne, de la France et de l’Italie ayant
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