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 qu’une mention sommaire et incomplète de Moukhtar Pacha à Werbitza au Nord de Bilek, et représentent comme des succès les échecs subis par Ahmed Hamdi Pacha dans ses attaques réitérées contre les Koutchi, du côté de Scutari. Il me revient cependant que les nouvelles reçues au Seraskérat seraient des plus alarmantes. La défaite de Werbitza aurait été une vraie déroute, une panique, provoquée par l’attaque inopinée du camp de l’avant-garde, sous les ordre (sic!) de Selim et d’Osman pachas, par les Monténégrins apparus d’un côté d’où l’on ne s’attendait guère à les voir déboucher. Selim pacha aurait été tué, Osman pacha fait pri­ sonnier avec 300 hommes. Cinq Colonels et bon nombre d’officiers au­ raient trouvé la mort dans ce combat qui doit avoir été des plus san­ glants quoique les Turcs ne parlent que d’une surprise et d’une panique. Ce n’est qu’à Bilek que Moukhtar Pacha aurait pu réunir et reformer les fuyards pour opérer, selon les sources Autrichiennes, sa retraite sur Trébigné après avoir perdu cinq canons. Le Seraskérat soutient que l’avant-garde n’en possédait en tout que trois. Les dépêches Anglai­ ses parlent de huit. On est étonné de voir Moukhtar se porter dans le triangle de Trébigné où il peut facilement être forcé de se rendre, de se replier sur le territoire Autrichien ou de se frayer un passage à la bayonette. Quant aux succès remportés dans le sud par Bojidar Petro- vitch, ils ont une grand importance en tant qu’ils peuvent influer sur l’attitude des Albanais. Déjà les dépêches de Scutari annoncent que plusieurs villages ont pris le parti des Monténégrins. A l’aide des secours pécuniaires le Prince Nicolas pourrait peut-être l’assurer de l’appui d'une grande partie des Albanais sur lesquels il exerçait naguère une certaine
influence.
Quoiqu’il en soit l’effet a été immense à la Porte, et une conster­
nation générale régnait au Seraskérat. L’Ambassade Britannique en a été, dit-on, encore plus affectée que les Autorités Ottomanes. L’impres­ sion aurait dû être beaucoup plus considérable, si elle n’avait pas été affaiblie par les nouvelles satisfaisantes reçues du côté de la Serbie. L’armée de Nisch a passé la frontière et marche en deux colonnes sur Gourgousovatz (Kniajevatz) pour chercher à tourner Alexinatz. Les Ser­ bes se retirent sans livrer de grands combats. Une bataille décisive est attendue dans les défilés de Bania et près de Loukowo. Notre Agent Diplomatique semble peu sûr du succès, tandis qu’il avait annoncé lui même l’intention du Général Teherniaeff, convaincu de l’impossibilité de prendre l'offensive, — de laisser les Turcs s’engager dans l'intérieur de la Serbie, pour leur couper leur ligne de retraite et les détruire en sacri­
fiant pour cela quelques districts Serbes livrés au pillage et à la déva­ station des Bachi-Bouzouks. Ce plan est-il en effet mis à exécution et réussira-t-il? Voilà la préoccupation à laquelle est attaché en se moment le sort de la lutte et peut-être même celui de l’Empire Otoman et des races Chrétiennes qui habitent la presqu’île des Balkans.
Quoique Mr. Kartzew constate que les Serbes se sont trompés en comptant sur le concours des Bulgares et des Bosniaques, le dernier rapport de notre Consul à Sérayewo signale l’existence de quelques bandes en Bosnie tandis que de nombreux Bulgares passent en Serbie pour y être exercés et combattre dans les rangs de l’armée princière ou former des compagnies de volontaires à part. Les rapports Turcs citent un chiffre considérable de ces auxiliaires des Serbes.
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