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 l’ordre de fermer le port de Klek et les dépendances de celui de Cattaro aux transports de troupes, d'armes et de munitions pour les belligérants.
L’Ambassadeur d’Autriche à Constantinople a été prévenu simulta­ nément que le Cabinet de Vienne n’accepterait pas d’arbitrage sur la question de Klek, dans le cas où la Porte, ainsi que Khalil-Chérif-Pacha l’avait suggéré naguère pendant son séjour ici, — songerait à mettre en avant ce mode de solution.
Depuis lors un article du »Fremdenblatt«, évidemment inspiré par le Chancellerie d’Etat, a relevé que le débarquement des troupes turques serait moins que jamais admissible, aujourd’hui que l’enclave de Klek venait d’être occupée militairement par 6000. Monténégrins et Herzé- goviniens sous le commandement de Peko Pavlovitch, car il s’ensuivrait sur cette langue de terre des combats meurtriers qui, vu l’exiguïté du terrain, menacerait non seulement la neutralité, mais encore l’intégrité même du territoire autrichien voisin.
Quoiqu’il en soit, la fermeture de Klek, bien que découlant logique­ ment de la non-intervention absolue, produira en Herzégovine un effet moral puissant, en même temps qu’elle fera diversion au profit des Monténégrins. Elle dégagera leurs troupes employées maintenant à gar­ der l’enclave et leur permettra de prendre une autre destination. C’est dans ce sens de mesure hautement favorable aux Chrétiens qu’elle est déjà interprétée par tous les journaux de Vienne.
Aussi la Porte s’en est-elle émue et le nouvel Ambassadeur Ottoman à Vienne s’est fait annoncer chez le Compte Andrâssy avec d’importantes communications de son Gouvernement.
»Toutes les colères vont se déchaîner contre nous, — m’a dit le Ministre, — mais nous resterons fidèles au programme convenu«.
En effet, mon Prince, la contre-partie de la fermeture de Klek, celle des ports dalmates du côté du Monténégro, est loin de constituer un équivalent au profit des turcs. Les Bouches de Cattaro forment déjà une mer clause et un port militaire qui n’est pas accessible aux bâti­ ments de guerre étrangers. Mais elles restent ouvertes au cabotage et les Monténégrins pourront recevoir sous main, par la frontière conti­ nentale, de la contrebande de guerre de la part des populations autri­ chiennes amies.
Je doute cependant que la tolérance du Gouvernement Impérial et Royal puisse être poussée jusqu’à de nouvelles livraisons de fusils aux­ quelles notre Consul Général à Raguse a fait allusion dans un de ses télégrammes et qui constituereait de la part de l’Autriche une violation flagrante de neutralité.
Le Lieutenant-Colonel Thômmel qui avait été attaché à la personne du Prince Ncolas pendant son voyage à Vienne, a été envoyé à Raguse avec la mission de se transporter au quartier général Monténégrin toutes les fois que la nécessité s’en présenterait. Dans les circonstances actu­ elles son Altesse, ayant tout à gagner à conserver la bienveillance de la Cour de Vienne, ne pourra qu’accueillir avec empressement cet attaché militaire qui personnellement, d’ailleurs, lui a toujours été sympathique.
АВПР, K-127. Novikow 411

























































































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