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 L’Ambassadeur et son ami intime et Collègue Musurus-Pacha à Londres étaient tous deux dans le secret de la révolution qui a abouti au changement de règne. Midhat-Pacha est leur grand ami et c’est lui qui était le véritable instigateur de la révolte des Softas et qui dirigeait et dirige encore, en ce moment, toutes leurs démarches.
Depuis plus de trois mois Sadic-Pacha tenait à quelques uns de ses amis intimes à Paris, parmi lesquels se trouvent des banquiers Grecs et Arméniens, un langage toujours voilé mais cependant assez trans­ parent pour laisser entrevoir qu’il savait ce qui allait arriver. »On verra bientôt« — leur disait-il — »à Constantinople des choses qui transfor­ meront tout et changeront la face des affaires«. Après la destitution du dernier Grand-Vizir, son ennemi juré, l’Ambassadeur s’exprimait plus clairement, il ne se gênait pas pour avancer que si le Sultan n’acceptait pas, sans changement et résistance, le programme des Softas, il perdrait la (Couronne et serait renvoyé en Asie, car tout le monde avait assez de lui et de son gouvernement et désirait ardemment l’avènément (sic!) de son successeur légitime, le Sultan Mourad« ...
Il n’y a pas plus longtemps que huit jours que Sadic-Pacha fit le même pronostic à plusieurs étrangers de sa connaissance à Paris.
Jusqu’à quel point le Gouvernement Britannique a-t-il participé aux événements de Constantinople? C’est là une question délicate qui sera probablement éclaircie un peu plus tard. En attendant, il est dif­ ficile d’admettre que Musurus-Pacha ou Sir Elliot n’aurait (sic!) pas prévenu à temps les Minitres Britanniques de ce qui se tramait à Cons­ tantinople.
Quoiqu’il en soit, une chose est constatée aujourd’hui, savoir que le Cabinet Britannique approuve l'insurrection des Softas et la destitution du dernier Grand-Vizir Mahmoud-Pacha et qu’il considère le mouvement révolutionnaire comme une »failure« pour le Cabinet Russe! C’est dans ce sens que le Marquis de Salisbury s’est expliqué, l’autre jour, envers une de mes connaissances. Disraëli et ses Collègues seront-ils aujourd’hui également satisfaits de l’avènement du Sultan Mourad? C’est plus que probable.
Les Ministres Britanniques ne voient en tout et partout que la main de la Russie, C’est là leur manie. Ils sont fort mécontents du Gouverne­ ment du Maréchal de Mac-Mahon qui, selon eux, est antipathique à l’Angleterre, adonné à la politique de la Russie. Aussi la démarche du Duc Decazes tendant à engager l’Angleterre à se réunir à la récente initiative du Cabinet de St. Pétersbourg dans l’oeuvre de la pacification de l’Herzégovine a-t-elle été très mal vue dans les cercles officiels de Londres.
Dans la pensée des Ministres Britanniques, l’entrevue de Berlin est aujourd’hui complètement dépassée par les événements de Constantino­ ple et l’ingérence des Trois se trouve sans objet, la Turquie étant décidée de réformer elle-même, à l’aide d'une Assemblée mixte de notables, de musulmans et de chrétiens, son état intérieur plus efficacement et plus profondément que la Russie, d’accord avec les autres Puissances, n’aurait pu le faire. Depuis l’entrevue de Berlin, le Cabinet Britannique affecte d’être au mieux avec le Prince de Bismarck et il s’efforce de se rap­ procher du Gouvernement Austro-Hongrois, tout, il va sans dire, dans le but de paralyser et d’isoler l’action diplomatique de la Russie!
22 Русија и босанско-херцеговачки устанак И
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