u château de la commanderie de Saint-Félix, il ne reste malheureusement presque plus rien mis à part un mur de support et l'emplacement possible d'une tour. Celui-ci se situait entre la croix de mission (en face du monument aux morts) et la maison Gras à l'est. Son entrée principale a peut-être été déplacée au fil du temps et des constructions ultérieures comme l'enceinte de 1438. En effet après la construction de celle-ci, l'entrée pouvait se faire par l'ouest, après avoir franchi la porte Saint-Jean, tourné immédiatement sur la droite et avoir longé le rempart intérieur vers une porte située aux environs de la croix qui était une possible tour (voir plan). L'existence d'une rue derrière les remparts est appuyée par la présence des trois soupiraux dans l'escalier du rêvelin sous la vierge actuelle.

Le mur du château : maigre consolation prouvant sa présence surmonté d'une plaque
du Larzac Templier et Hospitalier

n ne connaît pas la date exacte d'érection du château et les premiers actes mentionnent plutôt une "domus" (Maison) comme en 1159. Mais était-ce au sens institutionnel, ou bien une maison forte existait-elle concrètement ? Les documents le concernant indiquent qu'il était relativement imposant avec de hautes murailles, flanqué d'une terrasse à l'ouest et d'une petite cour, et qu'il comprenait au moins deux étages et deux pièces principales avec la chambre du commandeur et celle de la gouvernante, ainsi que d'autres dépendances de plus petites dimensions. Au début, il comprenait une salle réservée aux malades, miséreux et pèlerins de passage, ceci en accord avec la règle de l'Ordre (voir partie "Aumône"). Le château et la commanderie sont d'ailleurs souvent appelés "l'Hôpital" par extension, ou même "l'aumône" ("almorna" en langue d'oc). Selon un acte de 1491 transcrit par André Soutou, on sait aussi qu'il possédait un "tinel", c'est-à-dire une salle d'honneur, pour la réception et des hôtes de marques. Ce château était encore debout au XVIIème siècle, puis les guerres de religion (voir partie concernée) l'ont laissées en ruines, visibles jusque dans les années 1850. On parle d'une anecdote, relatant une "grande tour blanche", car les assaillants du village, se trouvant en face sur l'autre versant de la vallée (las perpetios), arrivant difficilement à atteindre le château avec leurs boulets de canon, se seraient écriés : "Toumbarios pas madamo l'Emblancado !" (dixit Abbé Aninat). Ses pierres et poutres ont fait et font encore partie de beaucoup de maisons du village.

Situation du chateau par rapport à l'enceinte du XVème siècle

 

Saint-Félix, il existait une église avant l'arrivée des Hospitaliers, vers 1150 (on le sait grâce à l'acte de don du seigneur Pierre de Caylus). Puis, les Hospitaliers amènagèrent une chapelle jouxtant le château, qui servit d'église paroissiale par la suite. En effet, à la fin des guerres de religions, le seul vestige encore debout des bâtiments de la commanderie, était la nef de la chapelle ; aussi en 1671, des travaux de rénovation de l'église furent entrepris et on rajouta à la nef de la chapelle des Hospitaliers, un chœur quadrangulaire. Ce fut l'œuvre d'un certain Cayles, du Viala-du-Pas-de-Jaux, qui laissa sa signature sur une des pierres d'angle qui se trouvait entre la nef et le chœur de l'ancienne église, comme le fait remarquer l'abbé Aninat.
Cette pierre a été récupérée pour construire l'église actuelle, mais côté extérieur, et elle est aujourd'hui visible sur le mur de l'église juste derrière la poste.

La pierre jadis entre le chœur et la nef dans l'ancienne église

n 1870, l'église, avec sa nef hospitalière étroite, se trouvera trop petite pour une population avoisinant les 900 personnes de majorité catholique pratiquant de Saint-Félix et il fut décidé, non sans mal, de construire l'église que l'on connaît actuellement. L'ancienne église, avec sa nef romane hospitalière, fut arasée (jugée "sans grande valeur architecturale") ; faisant disparaître à jamais l'un des derniers bâtiments de la commanderie de Saint-Félix.

On voit, sur les plans ci-dessous, que cette église était bien plus petite que l'actuelle grâce à la superposition des deux plans. On connaît un détail intéressant grâce au rapport de visite de 1762 : "Croix de l'Ordre à 8 pointes, sculptée à la clef de voûte du sanctuaire" (à l'endroit marqué sur le plan). Les cotes de cette église :


Longueur : 30 mètres
Largeur : 12 mètres
Hauteur (flèche clocher) : 11m (pour comparer, l'actuel clocher culmine à 42m)
Nef : Longueur : 16,65m sans les murs ; Largeur : 5,15m sans les murs + une chapelle de 3m² au Nord contre le choeur
Chœur : Longueur et Largeur : 8,10m sans les murs et c'est à la clef de voûte du chœur que se trouvait la croix de Malte, d
u type de celle que l'on peut trouver dans l'église de la Couvertoirade.

Vue de la façade - Vue face Sud - Plan comparatif avec l'église actuelle

Voici quelques essais de réalisation 3D de l'église, par rapport aux plans ci-dessus et aux procés-verbaux de visite effectués par l'Ordre de Saint-Jean dans le but d'inspecter et de rentabiliser leurs possessions. Ces images 3D ont été réalisés avec Google Sketchup, logiciel disponible gratuitement sur internet dans sa version de base.

(Cliquer sur l'image pour l'ouvrir en grand)

Ci-joint le fichier pour afficher l'église dans Google Earth afin de pouvoir naviguer à votre guise : AncienneEglise.kmz © 2012 Arnaud BOSC. Ou bien voir le petit film réalisé avec le logiciel Sketchup et Google Earth : EgliseComparatif.mp4© 2022 Arnaud BOSC.

Avertissement : L'église est positionné correctement dans Google Earth mais le plan incliné ne permet pas de retrouver la cohérence de situation, d'où le "vide" présent coté Sud. L'intérieur de l'église comprend les ouvertures et certains des tableaux, cités dans les rapports de visite étudiés.

Google Earth : Visitez l'ancienne église de Saint-Félix comme si vous étiez !!!

 

our la construction de l'église actuelle, il fut récupéré, outre la pierre gravée dont on a parlé tout à l'heure et certainement de nombreuses autres pierres de tailles, une des trois cloches du clocher actuel (la cloche moyenne, située le plus au nord) datée de 1789 (rendue difficilement lisible par le guano des pigeons). Elle aurait été fondue "à Saint Félix" en 1787, selon l'abbé Aninat (et pour les mélomanes avertis, ou ceux qui souhaitent reconnaître ce son "historique", les trois cloches faisant les notes Sol, Si, Ré, il s'agit donc de celle qui fait la note Si). La grande vient de la maison Triadou à Rodez et pèse près de 500 Kg et la petite, achetée à Lyon, pèse 177 Kg. Toutes deux datent de 1880.

 

La cloche historique datée de 1789

un autre élément repris de l'ancienne église se trouve dans la nef : il s'agit d'une probable pierre tombale dont on distingue seulement la partie inférieure, comprenant les gravures de la date (1671) et des lignes formant un angle devant se prolonger dans la longueur de la dalle. Le reste de cette dalle et les autres possibles inscriptions sont cachés par les bancs en bois de l'église (Allée de droite en allant vers le choeur, au pied de la travée E). On peut penser que ce n'est pas la seule dalle reprise de l'ancienne église, et d'autres éléments, placées dans le centre de la nef, pourraient donc se trouver sous les bancs.

Dalle1671

Merci à André GOZZI pour le signalement de cette dalle gravée

elon l'abbé Aninat, "jusque vers la fin du dix-huitième siècle, à Saint-félix, on a inhumé dans l’église (ancienne) plusieurs personnes. Les prêtres étaient placés dans le chœur ; c’est là que reposent les cendres de MM Reynié, Tauriac curés, de Jean Bernadou originaire de Saint-Affrique, agé de 70ans, de françois audibert vicaires, de Jean Carles prêtre natif de Mascourbe et décédé dans sa maison ; il y avait aussi des familles notables qui avaient un tombeau dans la nef, de ce nombre sont françois de Marcillac seigneur de Montalègre décédé en 1766 – 22 gbre, une de ses filles agée de 18ans, la maison Carel dont le tombeau était un peu en dessous de la chaire, il renferme la dépouille mortelle de cinq ou six personnes du nombre desquelles est un prêtre de cette famille prieur de Notre Dame du Cayla et religieux de l’Ordre de St-Jean de Jérusalem. L’an 1749 louise ricard épouse Reynès, fut entérré dans l’église. Enfin, j’ai lu qu’un certain Guibert de Mascourbe disait dans son testament qu’il voulait être entérré au tombeau de ses pères non loin des fonds baptismaux."

une des statues de la Vierge qui se trouvent dans la nef date de 1854. Elle fut donnée par Monsieur Privat, résidant à Marseille, propriétaire de la grande maison sur la route, côté Sorgue, près du café restaurant. Elle fut érigée et bénie le 15 août 1854, suite à l'épidémie de choléra qui fit une quarantaine de mort sur la commune de Saint-Félix.

deux vitraux de la nouvelle église, situés au milieu de la nef et se faisant face, sont particuliers : ils portent les inscriptions des "fondateurs et bienfaiteurs", personnes ayant participé, de par leurs donations, à la construction de la nouvelle église entre 1873 et 1876. Le classement des noms s'est effectué principalement en fonction de la somme apportée...

vitrail vitrail

Les deux vitraux épigraphiques

 

Ci-joint la transcription :

VITRAIL DE DROITE

FONDATEURS de l'église
MESSEIGNEURS et MESSIEURS
Louis DELALLE et Ernest BOURRET évêques de
Rodez 1000 Fr
Charles NOUGUIER médecin MAIRE de St FELIX 600 Fr
Jules Joseph Julien Curé DE St Félix et Soeur Félicité
PLUS De 3000 Fr
Marianne et Louise NORMAN environ 4000 Fr
Les Trois Familles COULET SIMARD BRUN 4000 Fr
Hippolyte LEBROU et son FILS Abbé Hippolyte LEBROU 1000 Fr
Virginie SIMARD de MONTALEGRE 500 Fr
Pierre ANINAT Ancien CURE 500 Fr
Léon MARAVAL 500 Fr
Victor DURAND 500 Fr
Jacques PRIVAT de MARSEILLE 500 Fr
FONDATION des TROIS GRAND'MESSES
par an à PERPETUITE Pour TOUS les
BIENFAITEURS et Leurs PARENTS

BIENFAITEURS PRINCIPAUX
MESSIEURS
Casimir SABATIER Vicaire Général 300 Fr
DESIRE SABATIER Chanoine 300 Fr

Léon RICHOU 300 Fr
SOLIER Curé de SAUSSINES 300 Fr
Louis CAZES Curé de GALGAN 200 Fr
Guibert CAREL Ancien Notaire 300 Fr
ENJALBERT 300 Fr
Guillaume BARASCUD 210 Fr
Casimir SOLIER 200 Fr
Jean MAURY 200 Fr
Emilie BOUCHET Vve PRIVAT 200 Fr
Maria BAUMEL 200 Fr


VITRAIL DE GAUCHE

BIENFAITEURS
Célestin NOZIERES 150 Fr
Marcellin THOREL 150 Fr
Louis NORMAN 140 Fr
Famille VEYRAC 110 Fr
Louis GALTIER de St CAPRASY 100 Fr
SENEGAS Frères 100 Fr
Casimir BARASCUD 100 Fr
François BARASCUD 100 Fr
Antoine BONAL 100 Fr
...... REDON 100 Fr
Jean-Baptiste JEAN 100 Fr
Marcellin BARBE 100 Fr
Pierre NORMAN 100 Fr
Désirée de MONSEIGNAT 100 Fr
Antoine FABRE 100 Fr
Alexandre FABRE 100 Fr
Frédéric SOLIER 100 Fr
Jean INGUIMBERT 100 Fr
Paul CALI 100 Fr
Louis CLAVEL 100 Fr
Louis SICARD Charles TREILLET et COLIN 135 Fr
Vve LOIR de MARSEILLE 50 Fr
Jacques BARRES 50 Fr
Jean AMAT 50 Fr
Vve BOUSQUEL 50 Fr
Pierre BESSIERE Tailleur 50 Fr
Alexandre GALTIER 50 Fr
Basile MAMIER 50 Fr
Michel GASTAL 50 Fr
François SINGLA 50 Fr
Marcellin BOSE 50 Fr
Jean Baptiste JORDI 50 Fr
SEVIAC 50 Fr
Adrien BAYLE 40 Fr
Louis NAFFRE 40 Fr
BESSIERE maçon 40 Fr
Louis BESSIERE 40 Fr
Félix BOUJADE 30 Fr
Henri BESSIERE 50 Fr
Piere LUBAC ancien Curé 50 Fr
RICARD Fermier au SEGALA 40 Fr
CARLES de MARCOURBE 40 Fr
REVERBEL 36 Fr
POUJADE an.é 25 Fr
DENYS Domestique 25 Fr
Vve CADENAT 25 Fr

Total vitrail de droite = 19110 Fr / Total vitrail de gauche= 3366 Fr

Total général = 22476 Fr

Sachant que le devis de l'église s'élevait à 52507,39 Fr et que le coût total général fut de 58480 Fr

 

L'harmonium de l'église

Dernièrement (le 10 avril 2023), Mathieu Delmas, facteur d'orgues, a fait une visite à l'église de Saint-Félix, (merci à Gabriel et Jeanine pour l'ouverture de l'église) et a analysé l'harmonium en détail. Mathieu est le fils de Brigitte Colas qui habite au village, et il est également membre actif de l'association ROSA qui oeuvre à la restauration de l'orgue de l'église de Saint-Affrique et qui a une histoire particulière, voir ici : https://renaissanceorguessaintaffrique.blogspot.com/

Mathieu Delmas nous a donné plus d'informations sur l'instrument saint-félicien : "il s'agit d'un harmonium de marque Richard & Cie, probablement des années 1890 (le numéro de série sera relevé prochainement et nous donnera une meilleure estimation de l'année de construction). C'est un modèle assez courant, de deux jeux et demie. Sur les catalogues des sites suivants, il doit s'agir du modèle N°6, Série A ou B"

Voilà le fil du forum d'harmonium francophone, et les pages concernant les harmoniums Richard. https://harmonium.forumactif.org/t92-la-manufacture-richard
Avec un petit peu plus de détails sur la datation : https://harmonium.forumactif.org/t653-datation-des-richard
https://harmonium.forumactif.org/t588-catalogue-richard-1928 .

https://harmonium.forumactif.org/t703-un-richard-haut-de-gamme-modele-n10-serie-b-7-jeux-1-2

Après avoir "démonté" quelques parties de l'instrument, il reprit certains éléments défectueux comme les cordes des soufflets, et après un nettoyage général, nous a offert un très sympathique récital. Merci à lui !

 


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