Structures ecclésiastiques
Les paroisses primitives du Brusquès
Ces paroisses, maintenant désaffectées et parfois difficiles à localiser, sont au nombre de six, dont quatre sur l'actuelle paroisse de Tauriac. Je ne peux m'empêcher d'associer l'origine de cette concentration insolite, lors des premiers temps de la christianisation du Rouergue, avec l'activité minière exceptionnelle de la vallée de la Nuéjouls, déjà soulignée (cf ci-dessus) à l'âge des métaux.
Saint-Martin de Brusque (ou de Ribals)Dans les débuts de la chrétienté, en raison de la dispersion de l'habitat et peut être aussi pour conserver un peu d'autonomie, face aux différents pouvoirs féodaux, les premières paroisses ont souvent été bâties à l'écart des agglomérations ( l62 )
C'est le cas pour la paroisse initiale de Brusque, qui bordée de son cimetière, s'élevait sur la rive droite du Dourdou, au pied de la montagne du " Code ", et au nord-ouest du lieu dit : " Brusque-vieille ", où l'on situe le siège de l'ancienne viguerie.La première mention de cette paroisse se trouve dans l'Histoire Générale du Languedoc ( 163 ) : " Bernard I , 3ème abbé de Vabres reçut en 883, de la comtesse Berteiz et de ses enfants le lieu et l'église de Brusque en Rouergue " . Sur son emplacement, toujours appelé Saint-Martin et parfois Saint-Martin de Ribals ( 164 ), s'élève maintenant un bâtiment d'exploitation, dont le pignon sud est surmonté d'une croix de fer pouvant provenir de l'ancien sanctuaire ; le cimetière a fait place vers 1984, aux bassins de décantation d'une laverie de sable de carrière, alors que sa croix de pierre, datée de 1647, a été déplacée de quelques mètres, pour faciliter l'accès aux installations de concassage, de lavage et à une tour à béton.
Faut-il, alors se fier à la tradition orale, telle qu'elle a été recueillie par un ancien notaire de Brusque ( 165 ) : " Il est certain qu'à Saint-Martin, il y avait autrefois une église paroissiale pour Brusque, Fayet, La Roque (l'église de St Martin - 20 mètres de long sur 8 de large). Voici ce qui paraît le plus probable sur Saint-Martin : lorsqu'à la fin du IVème siècle, la religion chrétienne fut connue dans le pays, les habitants de La Roque, de Fayet et de Brusque se bâtirent une église pour prier en commun ; Brusque ayant une population plus nombreuse que les deux autres localités et le seigneur habitant Brusque, à cause de son château, Brusque fut choisi pour le lieu de la construction de l'église paroissiale, Saint-Martin était central pour les trois localités, on pouvait passer par Moulergues. Ces trois localités ayant augmenté, sont devenues chacune centre de paroisse, vers le XIVème siècle. "
Sur le premier point : l'existence de Saint-Martin est tardivement attestée dans le cartulaire d'Aniane ( 166 ), à propos de la donation à cette abbaye par " Raimundus Soioretus de Brusca, unum mansum in villa Sobratis (Soubras), in quo Petrus Faber visus est manere (ou demeure Pierre Fabre) et est ipse mansus in pago ruténico, in parrochia Sancti Martini de Brusca (et ce mas est dans le pays de rouergue, dans la paroisse Saint Martin de Brusque) ". Cette charte n'est pas datée , mais se trouve au milieu d'actes des X et XIèmes siècles.
Par contre, l'existence de la paroisse de Fayet est confirmée, bien avant le XIVème siècle, dans le cartulaire de Silvanès ( 167 ), qui cite en 1153 " parrochia Sncti Laurentii de Faïeto ". Celle de La Roque peut se trouver, dès 1155, dans une autre charte ( 168 ) aux termes de laquelle, est cité comme témoin : " Ugo, prieur de La Roque " (Ce titre de prieur s'appliquait au titulaire des bénéfices d'une paroisse), et correspond, donc, à l'existence d'une paroisse à La Roque dès cette époque.On ignore la date à laquelle le siège paroissial fut transféré de St Martin à St Jacques, dans le haut du Castellat et doté d'une tour de défense transformée en clocher, mais l'église de St Martin était encore debout, bien qu'en mauvais état, lorsque les consuls de Brusque passèrent, " le 9 Août 1700, un contrat avec Pierre et Louis Gayrard, maçons de Crouzet; pour réparer la partie de voûte de l'église Saint-Martin qui a croûlé " si bien que le registre paroissial peut faire état de 1723 à 1729 de la sépulture, dans le sol du bâtiment de plusieurs notables : Marie de Barbara, Catherine d'Audibert, Mathieu Barbara, capitaine, Elisabeth de Barbara, Pierre Singla chapelain.
Quant au cimetière, il ne fut désaffecté qu'après 1812, année de l'achat par la commune d'une parcelle de 16 ares 90 aux Condamines, appartenant à Joseph Alingrin(vraisemblablement de la même famille que l'acheteur du cimetière protestant).
Saint Martin du Val d'orSous la même dédicace : St Martin accompagnée d'une étrange localisation, on relève dans un article de Fr Hermet ( 169 ), l'attribution, en 1563, par le pape Pie IV, à " Antonio Corcoralii commandatur prioratus S.Martini de Auris Vallibus " ( à Antoine Corcoral fut attribué le prieuré de S.Martin du Val d'Or). " Il est probable qu'il conserva la cure de Montlaur, tout en jouissant du prieuré de Saint-Martin de Aurisvallibus, dont il est fait très souvent mention dans les bulles pontificales, mais qu'il m'a été impossible d'identifier. "
La difficulté d'identification subsiste, toutefois un texte de 1496 ( 170 ) permet d'écarter la confusion de cette ancienne paroisse avec celles de la communauté qui bénéficiaient de la même dédicace : " Maintien de l'évèque de Vabres en la faculté de percevoir des fruits et émoluements des bénéfices de St Martin d'Aurisvallibus, Saint Jacques de Brusque, Saint Pierre d'Ascars et St Martin de Molegiis ".
St Julien de TauriacLe cartulaire de Gellone relate la donation à cette abbaye, en 1079, par Raymond Géraud et son fils, d'un des deux mas qu'il possède, dans la viguerie de Brusque, dans la paroisse St Julien de Tauriac, à Vilaret.
On notera l'existence à Tauriac d'un hameau composé de deux mas, appelé Vilaret ; la paroisse primitive était donc dédiée à St Julien et sans doute, érigée ailleurs qu'à la Clastre, emplacement relativement récent.
Vilaret ne serait-il pas l'ancien nom de Laguiole ? dont l'étymologie évoque l'existence d'une église et dont l'emplacement se situe dans le seul élargissement de la vallée de la Nuéjouls, susceptible d'avoir suscité l'implantation d'une importante villa gallo-romaine pouvant regrouper deux manses.
MaussacL'abbé Fuzier dans une communication à la Société des Lettres ( 171 ) avait déclaré : " puisque les archives vaticanes parlent fréquemment de la paroisse St Martin du Val d'or, il fallait que cette paroisse eût une certaine importance. Nous serions portés à croire que ce serait celle de Maussac, à cause de l'illustre famille de Baderon de Maussac ". Mais quelques lignes plus loin, il attribue la dénomination du Val d'Or, à la vallée de la Nuéjouls, sans autre précision
Antoine de Baderon de Maussac, déjà cité (page 40), dans un testament daté de 1518, atteste l'existence à Maussac même, d'une église à propos des distributions à faire, après sa mort, aux prêtres desservants, mais les pouillés de Vabres ne font pas mention d'une paroisse dans ce hameau, ce qui pourrait signifier qu'il s'agissait plutôt d'une chapelle castrale.
La tradition orale désigne son emplacement, sur lequel subsistent encore les murs en bel appareillage, aux limites nord-est du hameau et le souvenir d'un cimetière contigu.
St TimothéeLe cartulaire de l'abbaye de Vabres évoque, à plusieurs reprises, deux autres églises sans les localiser avec précision, mais le contexte permet de les rattacher à la viguerie de Brusque, avec quelque vraisemblance.
Ainsi, charte 8 de l'année 883 ( 172 ) " in manso uno, in Valedubro mansos tres et in alio loco, in ipsa curte, capella quae est fundata in honore Sancti Timothei, cum mansos duos " (dans le même territoire que La Dezoubre ou Valasoubre).
Saint Timothée, cette fois qualifié d'église se trouve plus tardivement - 12 Avril 1116 - dans la charte 6 ( 173 ), qui reprend l'énumération de 47 sanctuaires donnés au monastère de Vabres dans une bulle de Pascal II, et mis sous la protection du Saint Siège.Faut-il la situer contre les rochers qui dominent Pierrefiche et désignée dans le compois de Tauriac de 1672 : " Al Baus de la Gleye et appartenant à Jean Affre Maluber de Pierrefiche " ?
Eglise Saint BenoitSur la carte dite, de Tavernier ci-dessous ( 174 ), on remarque proche du Dourdou et à la frontière méridionale du Rouergue : la mention d'un " St Benoist ", qui pourrait correspondre à l'église primitive d'Arnac, qui lui était consacrée, au temps où elle était utilisée comme annexe de la paroisse de St Pierre des Cats.
Il en subsiste au fond du cimetière actuel un petit corps de bâtiment en ruines.Cliquer pour agrandir
Notes bibliographiques
( 162 ) Jean Cot, Etudes aveyronnaises 1996, p. 142/3
( 163 ) Devic et Vaissettes, Histoire générale du Languedoc, 3e édition, tome I, num CXI
( 164 ) Archives municipales de Camarès, dossier P
( 165 ) Jean Et. Barth. Canac notaire à Brusque 1818/52, notes manuscrites
( 166 ) abbé Cassan, E. Maynial, Cartulaire d'Aniane - charte CX p. 252
( 167 ) Chne Verlaguet, Cartulaire de Silvanès, charte 207, p. 167
( 168 ) Chne Verlaguet, Cartulaire de Silvanès, charte 317, p. 252
( 169 ) Frédéric Hermet, Revue historique du Rouergue avril 1924, p. 38
( 170 ) AD Haute-Garonne, inventaire série B1 page 78 folio 123
( 171 ) abbé Fuzier, Le Val d'Or, Sté des Lettres Sciences et Arts d l'Aveyron, 1912 tome XXIV p. 56
( 172 ) Etienne Fournial, Cartulaire de Vabres p. 129 charte 40
( 173 ) Etienne Fournial, Cartulaire de Vabres charte 6
( 174 ) Archives Nationales, Carte de Tavernier