Santé - Assistance

On a vu (cf ci-dessus) les mesures de protection assez dérisoires que les consuls de l'an 1464 avaient dû prendre pour limiter la propagation de la peste

Dans les actes plus tardifs, il est question d'un hôpital à Brusque, mais aussi à Fayet. L'un des premiers actes de cette série cite " Jehanne Vialle, autesse et rentière des biens de l'hospital " de Brusque, qui dispose ainsi, en temps normal, d'une source de revenus alimentée par la location des donations privées (maisons, terres, jardins).
A titre d'exemple, on peut trouver en 1736, le reçu du loyer de " la maison installée dans un immeuble appartenant aux pauvres ".

Lorsqu'une épidémie survient, qui dépasse les moyens d'assistance courants, la Communauté appointe, en 1620 " Jalbert ,chirurgien du Pont de Camarès " ou, en 1632, " Estienne Ratier Me desinfecteur de Compregnac pour assainir le Mas de Soubras ". En 1646 ,elle souscrit " un bail d'un an pour l'établissement à Brusque de Me Jean Jourdain, médecin de l'Isle Jourdain " et en 1650, " Galtier médecin 17 £ à l'occasion de la maladie de Pressouyre ".
En 1642, il est fait allusion " à la maison de Jan del Ran de Faiet qui a été prinze pour l'hopital, moyennant 24 s 6 d " et plus loin " aux gages de l'hospitalière de Fayet ".

Les deux hôpitaux de Brusque et Fayet, qui semblent indépendants,l'un de l'autre, n'ont pas alors seulement pour mission de recueillir des malades ou infirmes, mais aussi de secourir les nombreux " pauvres passants " qui traversent notre territoire.
A en croire les comptes consacrés à ce type de secours, l'année 1620 paraît particulièrement calamiteuse, car, il est évoqué dans plus de quarante actes au cours de cette mandature , chaque fois signé par " Jean Caussanel, rentier de l'hospital ".

Le consulat a également en charge la police sanitaire, ainsi " Coutouly, consul en 1721 reçoit du Duc de Fitz-James des instructions pour les précautions à prendre, dans les échanges textiles avec La Canourgue, qui est touché par la Maladie ".
Il faut alors installer des postes de garde aux limites du Rouergue et du Languedoc et les sentinelles ont " ordre de fusiller ceux qui rentrent en Rouergue sans billet de santé ". Ces postes de garde sont à l'origine des " Barraques " qui jalonnent les frontières entre les deux provinces.
Il est également prescrit en raison " des risques de contagion, le recensement des moissonneurs partis en Gévaudan ".

Personnel consulaire

Comme de nos jours, dans les municipalités, certaines fonctions consulaires étaient rétribuées et assorties des frais de déplacement lorsque, par exemple, les consuls devaient se rendre à la Sénéchaussée ou à la Généralité, à l'Assemblée des Etats ou à la Cour des Aydes pour rendre leurs comptes.
Les indemnités de fonction, qualifiées de gages, paraissent très modestes :
Ainsi, les gages des quatre consuls de 1602 s'élèvent à 16 francs, Jacques Sabatier, consul en 1621, perçoit 4 livres, alors que la même année, les gages de Estienne Nazon, valet consulaire , sont de 4 £ 15 solz.
En 1714, les gages n'ont guère varié, puisque les quatre consuls et le greffier réunis recoivent 17 £ 1 sol.

La comparaison avec les comptes consulaires de 1464, est impossibles, car intervenaient alors des avantages en nature : " Item l'an dessus et lo dia desant Mathieu, bayliey a Peyre Esquirol nostre vaylet en débatement de sos gages II motos VI gr III d..... ;Item plus XII ll de fromatges que fonc aponchat en conselh que hom li bayles otra sos gatges " ( 152 ).

A l'époque où Brusque est admis comme refuge " pour ceux de la Religion ", on notera la relative importance des appointements du gardien du Portal del Cap del Pon : "André Arribat portier, auquel le consul, Salomon Milhau attribue comme gages 30£ ".
Les autres fonctionnaires de la Communauté, ne sont guère mieux rétribués " les gaiges de Jean Galtier régent des écoles de Brusque s'élèvent a 27 £ 4 s en 1641 " et " Fabre, régent des écoles de Fayet perçoit 5 s, 30 £ en 1683 ", mais " Boyer,régent des écoles de La Roque en 1726 : 9 £" seulement.
Ces régents ou maitres des écoles sont certes rétribués sur le budget consulaire, mais leur choix et leur nomination sont du ressort de l'évêque de Vabres.

L'appel occasionnel à des " hommes de l'art " tels que: experts-géomètres ou agrimenseurs, apothicaires, médecins est évidemment plus coûteux. Tels, les gages " de Monsieur Muratel, appothicaire, qui montent à 40 £ en 1644 " ou " de Ramond Singla, appothicaire : 63 £ en 1657 ".
Certains maîtres-artisans assurent, pour la communauté des prestations régulières : " Estienne Debru qui prend soin de faire sonner l'orloge de Brusque reçoit 13£10 solz en 1714 " ou " Jean Salvagniac pour l'orloge 13 £ en 1724 ".
C'est ici l'occasion de souligner la pérennité des dynasties Debru et Salvagnac, qui assurent encore chez nous et depuis près de 3 siècles, le travail du fer, et les métiers dérivés qui ne leur laissent plus l'occasion de faire office d'horlogers.

 

 

 

Notes bibliographiques
( 152 ) Jean Delmas, dans Al Canton Camarès page 50/51