Organisation militaire

A la suite d'une ordonnance de Charles VII de 1448, et jusqu'en 1480, chaque communauté devait fournir un archer, habillé de pied en cap, aux ordres du capitaine d'une compagnie de francs-archers en poste au Pont de Camarès, et astreint à une revue à Villefranche de Rouergue .

" Item l'an desus a XXVII del mes de Septembre, aniey al Pon de Camarès, de volontat del conseilh, quant forem exequtatz per lo capitayne dels francz-archiés del Pon en foras per apointar amb el, Bayliey aldich capitayne per so que nos dones lonc terme de abilhar losditz archiers et per venguda 1 £
Autra ne paguet lo pon ;
Item doniey al archier de Belmon que nos vengutz executa II gr
Item al page del capitayne X d
Estiey ley tot lo jorn, la despensa fes Matinat. Monto mos trebals V s
Item bayliey de voluntat del conseilh à Peyrot l'archier per so que demandava capel, bonet,corneta, sabates,cobricap,plume,caussos, sencha et borssa XXV s.

En inventoriant les archives municipales de St Affrique, Henri Affre a relevé que chaque communauté du Rouergue était tenue suivant ses facultés contributives théoriques " de sinquanta en sinquanta fuocz ho bélugas ajo a far ung franc-archier " ( 156 )

De 1480 à l'Ordonnance royale du 20 Novembre 1688, organisant la milice royale, s'écoulent deux siècles, bouleversés sur la fin, par les troubles religieux, à cause desquels chaque communauté parait tributaire, pour sa défense, de ses options.
Ainsi, nos actes consulaires mentionnent: " en Mai 1607, l'envoi d'Abel Biou, consul, députté à St Affrique et du Sr Cadoul, sindiq, députté à Castres, à l'occasion d'une saisie de bétail (sans doute en infraction avec les décisions de) l'assemblée de Puylaurens " puis en 1616, la présence dans nos murs, " de Las Cazes ayant la charge de capitaine " ou " des échanges de poudre avec les messieurs de Greyssessac ".

Les archives consulaires ne livrent pas grand chose sur l'armement et les effectifs de Brusque " un mémoire (non daté) pour des armes dûes à Jacques de Bœuf, comprenant : mousquets, serpentines, cuirasses " , puis un reçu plus tardif " de 779 £ pour payement des gens de guerre " ,le 9 Août 1642, à l'occasion " de la levée de 2.000 hommes de guerre, la communauté doit fournir 5 mousquetons " et l'exacteur Vignes prescrit " de monter 9 mousquets à Jacques Debru ", sans doute le serrurier, qui non seulement entretient l'horloge, mais fait aussi office d'armurier.

La charge la plus lourde, pour le budget consulaire, n'est pas le recrutement et l'acquisition des armes de ses défenseurs permanents ou des soldats à enrôler pour les armées du roi, mais le logement et l'entretien des troupes de passage, lorsque Brusque leur est assigné comme " quartier d'hiver ".
Ainsi il en coûte " 8 solz par jour pour chaque soldat du Régiment de Falssebourg et 60 rations pour chacune des 20 compagnies , soit 357,£ 45 s " au mois de Février 1632.
En 1638, c'est le séjour du régiment de Tonneins accompagné de l'enrôlement de 10 soldats; puis en 1654, des quartiers d'hiver plus prolongés entraînant une dépense de 1.462 £ 10 d. Deux ans plus tard, le consul Jean de Méjanès obtient, pour la communauté " l'exemption du logement des gens de guerre ", moyennant 587 £ 8 s.

Le pouvoir royal a repris le contrôle de la milice et on voit le consulat procèder, en 1695, au recrutement de cinq soldats pour le régiment de Bournazel ; l'année suivante " Pierre Sabatier est désigné pour rejoindre le régiment de Cusson " plus tard en appliquant " l'ordre de conduire à Millau 6 soldats de la milice " , on déplore : " l'évasion d'Etienne Coulon de La Roque et de Jean Belugou de Fayet ".
Le nombre de soldats à fournir est fonction des facultés contributives des communautés, aussi pour atteindre un chiffre rond de recrues, en 1750, " l'importante communauté de Brusque est accolée à celle de Laval " (près Montagnol), trop réduite pour justifier à elle seule, un appel. Parfois, est proposée aux consuls l'alternative " fournir trois soldats d'au moins 5 pieds 3 pouces ou 260 £ ".
Ces enrôlements ne dispensent pas le Brusquès de participer à l'équipement de soldats recrutés ailleurs, par exemple " à l'habillement du bataillon de Gissac " ou " à la fourniture du fourrage pour le régiment de dragons de Guyenne ".

A défaut de casernes, Brusque doit contribuer " en Janvier 1703, aux quartiers d'hiver du régiment de dragons de Saint-Sernin " ou bien " Mr le Marquis de Bonas, maréchal des armées du roi, en Rouergue, affecte une compagnie du régiment de Navarre à Brusque en 1721 " séjour qui devait se prolonger, encore 7 mois, l'année suivante D'étranges vocations semblent aussi naître, dès que le tirage au sort est annonçé en Rouergue : " Bernard Lencausse, soldat de 1786, pour la communauté de Brusque se fait remplacer par Etienne Gayraud en 1787, son dessein étant de reprendre ses études et de se destiner pour l'état ecclésiastique " ( 157 ).

Participations à des dépenses extérieures

On a pu découvrir ci-dessus, la contribution imposée au budget consulaire, à l'occasion des travaux d'ouverture du canal du Languedoc, en 1672. Le même type d'appel se retrouve " en 1724, pour l'édification des ponts de Toulouse et de Cazères : 40 £ 15 s " , mais aussi pour des opérations de solidarité telles que " l'envoi de gastadours à Compeyre, en 1629, pour un mois avec pics, pelles, cognées, dailles, fauçilles pour servir au dégast des bleds, fruits, vignes, suivant ordres du Comte de Noailles, sénéchal du Rouergue " ou bien " pour rendre les honneurs funèbres pour le mort de Monseigneur le Dauphin en 1714 " ou pour célèbrer " un Te-Deum pour la prise de Philipsbourg, en 1734, par les armées du roi ".

Le Château de Brusque

En 1464, les réparations de la vieille forteresse sont toujours à la charge du consulat .

" Item plus ay fach adobar lo pestel de la porta del castel e fayre una clau.Costa XX ",
" Item l'an desus a XXIIII de may compriey de S.Dorde Fabre consenhor de Savignac II C clavels barrados per adobar los gachials. Paguey ne V dobblas.
" Item compriey ne mays dos vegadas CL clavels... . Paguiey ne II gr
" Item plus tenguem Mtre Ebrart per adobar los portal et los gachials et la porta del Castel et per fayre la barrieyra, barras et una escala. Estet hii XVI jorns. Bayliey li XIII d V d I
Item, l'an desus a XXVI de may, tengem per bastir ma muralha de Ramonet Andrieu cor et mays dos gavachs IIjorns
Item,per fayre manobra Anthony Cunhenc I jorn Guibert Bonefon I jorn Ramonet lur fes la despenssa als gavachz.
Item l'endema hii esteron los ditz gavatz z jorn I
Item plus l'endema après hii esteron tot lo jorn
( 158 )

Murailles et Portes du Castellat

Au siècle suivant, il n'est plus question dans le budget de Brusque de travaux d'entretien, sur l'ancienne forteresse, probablement abandonnée, et pas davantage sur le château de Fayet, apparemment à la charge du seigneur. Les travaux destinés à maintenir ou améliorer la défense de la place concernent exclusivement les murailles et portes de la ville close (ce que nous appelons le Castellat).
En 1610, le consul Aaron Bosc assigne " Moyse Blanc, masson pour acomoder le portal et acomoder la murailhe de la porte dite d'Azaïs et la porte de l' hospital ".
En 1624, le remplacement du " verouilh de la porte du Pont estant rompu, la clef faite de neuf, et un cadenas à la pétardière "
L'année suivante " Le 1er consul Jaques Sabatier fait remplacer trois poutres à la garitte sur la muraille et à la rue de la treille ".
Cette rue, qui n'a pas changé de nom, permettait de descendre de la place à la poterne NW donnant sur le Sanctus.Il est vraisemblable que cette poterne ait été équipée d'un poste de garde (la garitte).
Plus tard, Etienne Debru, Me maréchal est chargé " d'équiper de palestrage, armille, cadenas et 12 gros cloux, la porte de l'Hospital ".

La Tour- clocher

Cet édifice, qui avait initialement un rôle défensif, s'est trouvé transformé en clocher lorsque le siège paroissial a été transféré de St Martin dans la ville close. Outre les cloches, avait été disposée, sur la face est, regardant le pont, une horloge à cadran. Le toît très exposé au vent, les " degrés " ou " l'eschale " ont nécessité quelques interventions : ainsi de Corneilhan, ler consul en 1614/15, rémunère " Moyse Blanc, masson, pour avoir recouvert le clocher, ainsi que G.Baille masson " et en 1659 " Mathieu Rivemale fait remplacer une poutre pour l'eschale du clocher ".

 

 

 

Notes bibliographiques
( 156 ) H. Affre, Dictionnaire des moeurs, institutions et coutumes du Rouergue, p. 200
( 157 ) Bruno Ginisty, Guerre et paix en Rouergue, p. 180
( 158 ) Jean Delmas, dans Al Canton Camarès, p. 52