Un vassal des Guilhem
Dans l'Armorial du Languedoc ( 64 ) figure, à la date de 1398, la mention de Jean d'Audric, seigneur du château de Brusque, sans autre précision.
Ce titre traduit très vraisemblablement, une position de vassalité vis à vis de la famille des Guilhem de Clermont-Lodève, seigneur dominant après le Roi, de la communauté de Brusque, mais y résidant exceptionnellement, et semblable à celle qui liait, beaucoup plus tôt, Bringuier de Promilhac à Raymond VII." Noble Dordé et Jehan Audric, seigneurs de Savignac, sénéchaussée de Carcassonne, figurent sur un rôle de la noblesse de 1460, comme habitant Brusque " ( 64* )On retrouvera le nom de Savignac affecté, par la suite à certains lieux-dits de Brusque.
Influence du Brusquès sur le plan commercial
Dans les toutes dernières années du XIVème siècle, un incident, relaté par l'abbé Rouquette ( 65 ), permet de mesurer le poids de la communauté de Brusque dans les activités commerciales du Haut Rouergue.
A la suite de la saisie de 21 mulets chargés d'huile, de sel et de vins, appartenant à quatre marchands de Millau, par Armandot, capitaine d'un petit corps de gens d'armes, en garnison à Montclarat, les communautés de Brusque et de Saint-Affrique envoyèrent un délégué, chacune, à Millau , pour faire connaître leur volonté.
Admis dans le conseil de ville, Raymond Amfre, député de Brusque, prenant le premier la parole, dit que lui et le conseil de Brusque " se donavant meravilhas (que les conseillers de Millau voulussent) gerar e mudar de termes, e que lo fora gran damnatge e dezonor per aras e per tots temps del dépendens e dels non volens autriar alla somma de X milia escut e del tal fag, per aquela soma, e que l'on era demorat en bon aponchamen e onorable e aprofechable al païs ".On voit que, pour un fait survenu, assez loin de leur clocher, les consuls de Brusque avaient eur mot à dire, dès lors qu'il s'agissait de question commerciale.
Preuves d'un artisanat textile apprécié
Comme de nos jours, les municipalités s'efforçaient, déjà au XIVème siècle, d'attirer des activités économiques, en consentant des avantages fiscaux à leurs créateurs.
C'est ainsi, que le consulat de Saint-Affrique, dans sa séance du 7 Septembre 1399, décide de faire remise de l'impôt pendant huit ans, au lieu des six ans d'exemption habituels, à un habitant de Brusque qui avait sollicité l'avantage d'être reçu citoyen de Saint Affrique.
Cette faveur était justifiée par le fait que le demandeur, tisserand très habile, faisait des châlons et des couvertures, dont confection était, jusqu'alors, inconnue dans leur ville ( 66 ).Les Exigences du comte d'Armagnac
La guerre de Cent ans n'était pas terminée et pour achever de repousser les Anglais hors de Guyenne, le comte d'Armagnac, chef du parti français, demandait aux communautés de l'Election du Haut-Rouergue, le vote d'une levée de dix mille écus.
Le 6 Avril 1411, les consuls de Belmont, de Brusque et de Saint-Affrique réunis à Millau déclarèrent alors au conseil de cette ville ( 67 ) :" Que la causa non devia penre negun acort e se devia defendre per la mala consequensia que s'en ensegeria e per lo domnatge que s'en poria ensegre al pays, que ne poyrian esser essegutz per nostre sobeyro - le roi -, e que en las autras senescalcias era estat cridat que degus os auzes donar ni empauzar talh per fac de doses le lesensia del rey ; que Moss .lo duc de Guiena en breu venra en aquest pays per vezer com se gouverna, per que nos ne poyrian far nostre dan . "Cette délibération venant après l'intervention citée plus haut, confirme l'influence que les consuls de Brusque avaient acquise au sein de l'Election du Haut Rouergue.
Le Siège de Rodez
Cependant, grisé par son rôle libérateur, Jean d'Armagnac, qui se disait " par la grâce de Dieu, comte d'Armagnac " exprimait ainsi le désir de rester indépendant de la Couronne de France, contrairement aux aspirations de ses sujets .
Pour prévenir toute action du Roi ( Charles VII ), il avait fait appel, au cours de l'année 1443, à tous ses vassaux du Rouergue et on cite, parmi eux ( 68 ) :
- Bernard de Rodez, sieur de Montalègre, consul de Brusque ;
- Pierre de Broquiès, cosseigneur de Combret ;
- Jean de Bœuf, cosseigneur d'Ouyre ;
- Aymard de Roquefeuil, seigneur de Versols ;
- Le capitaine Louis-Claude de Costeplane, cosseigneur de Combret et d'Ouyre, de St Paul de Trabessac et de Gissac
- Jean de La Panouse
- Le seigneur de Montlaur
- Pons d'Agens, seigneur de Loupiac
- Le seigneur de Salles-Curan
- Le seigneur de Vailhauzy ;
- Hector de Caylus, cosseigneur de Saint-Affrique
- de La Farelle, bourgeois du Pont de Camarès
Les 1.500 hommes ainsi rassemblés furent répartis, moitié dans la ville du Bourg, sous le commandement de Jean de Bœuf et d'Hector de Caylus ; moitié dans celle de la Cité avec Bernard de Rodez et le sieur de Lescun, bâtard d'Armagnac.
Pour répondre à ces mesures, Charles VII, expédia le Dauphin ( Louis XI) pour pénétrer en Rouergue, par Entraygues ,avec environ 8.000 hommes et un imposant attirail de siège. Après un siège de douze jours, le comte Jean tenta et réussit, une sortie avec quelques fidèles, laissant ses vassaux négocier une reddition honorable ; et se retira dans son château de L'Ile Jourdain, où le Dauphin, sous couvert de faire la paix, vint le faire prisonnier.
Notes bibliographiques
( 64 ) Armorial de Languedoc, t. 1 p. 33
( 64* ) H. de Barrau, Documents historiques et généalogiques sur les familles et hommes remarquables du Rouergue , t. 3 p. 475
( 65 ) Abbé Rouquette, Le Rouergue sous les Anglais, p. 405
( 66 ) Société des Lettres, Sciences et Arts de l'Aveyron ; notes manuscrites sur St Affrique, P. 15
( 67 ) Abbé Rouquette, Le Rouergue sous les Anglais, p. 408
( 68 ) Le Dauphin, régent de France, p. 5