Patrimoine immobilier et voirie du consulat
Bois et herbages
Le consulat de Brusque était, certes, particulièrement bien pourvu en bois et herbages , non tailhables, grâce aux donations de Raymond VII de 1245/46 (cf ce paragraphe).
Ce sont ,vraisemblablement, les locations et droits d'usage de ces biens communs concédés aux " forains ", c'est à dire aux étrangers à la Communauté, et à ses propres ressortissants qui assuraient la majeure partie du budget consulaire dont je n'ai trouvé curieusement, que les mentions suivantes, dans les comptes les plus anciens :" Item l'an desus a XXIIII de jenier per suplir a la dona de Cl II que donem a Mossenhor per lo mariatge de Madomayzela sa filha, bayliey de l'argen dels herbage Présens mos companhos et mays Maystre Johan Cambolas S.Dorde Fabre XII ll
Item plus hun scut d'aur " ( 150 ).Item ay portat tot jorn am mon rossy de la doela del bosc per cobrir lo fornial Monta IIII dobblas
Item plus ay fach adobar lo pestel de la porta del Castel e fayre una clau . Costa XXd.
Item plus tenguem Jacme Cros de la Molina a tirar los rols dos jorns de que sy comtero et pres en paga V dobblas que devia encaras dels herbatges e mays II ll fromatges " ( 151 )Quant aux bois, on sait maintenant, grâce à la révélation par Monsieur Jean Delmas de l'existence des moulines à fer de Cambias, Arnac et sans doute Mélagues, qu'ils ont été amplement exploités (cf ci-dessus) pour la production de charbon de bois, puis pour alimenter verrerie et fours à chaux, sans parler des usages courants (construction, barrages, chauffage domestique).
Les comptes consulaires examinés ne livrent pas grand chose sur cette précieuse source de revenus : Tout au plus est évoquée " en 1630, l'afferme du bois de la Fage, puis le 24 Octobre 1641 : la visite et vérification des rivières et forêts et enfin en 1727 : l'afferme des buis de St Thomas pour faire des esclaps de peignes pour la somme de 40 £ " (il s'agissait très certainement d'ébauches de peignes en buis, destinés aux cardeurs de laine, nombreux dans toute la région).Du coté des dépenses, pour l'entretien des immeubles de la communauté, les actes sont plus instructifs :
Pon de Fusta
Nous avons ici la preuve que le pont de Brusque, dont l'emplacement est le plus ancien (voir ci-dessus la lettre de 1246), n'est pas le Pont en dos d'âne, sur le Dourdou, situé en aval de Brusque, bien que la carte postale le représentant, le désigne sous le vocable de " Pont-vieux ", ni le " Pon-trinquat " , encore plus en aval, dont il ne reste que le socle - rive gauche - en face de la grotte du Batût, mais bien l'ouvrage de confluent, laissant passage sous deux arches aux eaux du Dourdou et à son affluent : le Sanctus, sous une troisième arche.
Il est vrai que qu'il ne reste de ses origines que l'emplacement, favorable par son lit rocheux à l'implantation des piles, sur lesquelles, pendant au moins 450 ans, reposaient un tablier constitué de poutres de bois (fusta) ;
Les consuls font procèder à son entretien en 1464 " Item de sinc cavilhas de ferre que fezi faire per metre al Pon de la fusta, loqual fezem adobar a Bernat Arman...V blancas. " ( 152 )Les comptes de leurs successeurs des années de troubles religieux révèlent, à trois reprises : 1628, 1668, 1704, l'exécution de travaux défensifs sur ce pont " La Tour du bout du Pont ", " à Gabriel Dumas, Me recouvreur, pour avoir recouvert la Tour du Pont ", " Loyrac et Est Debru chargés de réparer les bandes, cloux, gons et verroux de la porte maitresse au bout du Pont ".
Cette tour, qui avait déjà disparu, lors de la levée du premier plan cadastral, vers 1822, se trouvait donc d'après ces qualificatifs, entre le pont lui-même et la porte dite " del Cap del Pon ".
Dans une telle situation, il est possible qu'elle ait cumulé avec des fonctions de défense, celles de poste de péage, car les comptes consulaires de 1714 font état " du doublement des péages perçus en 1712, soit 108 £ "Four et Fournial
Ces bâtiments que la provision de bois sec et l'activité du foyer prédisposaient à la propagation des incendies, étaient situés sur le terrain du Claux, en dehors des murs, ils faisaient l'objet d'un " arrentement " , par mise aux enchères publiques du " droit de palle " et le fournier, adjudicataire, récupérait le montant de son loyer et le prix de son travail auprès des usagers de la cuisson collective.Par contre les révisions, souvent nécessaires, incombaient à la communauté :
" Item quant fezy adobar la porta et las pesquieyras del fournial, mesi hii XXV clavels barrados. Costero..........z gr ( 153 )
Item dos gaffos. Costero ........VI d
Item fezy fayre pestel et clava la dicha porta del fornial. Costa ........V blancas
Item le jorn de Sant Miquel fezy mercat de trayre la lauza del fournial am Melhau d'Oyra. Devia ne trayre XI carradas al moto. Doniey ly per vinatge II d de pEra présen mon compayre Johan Blancart ( 154 ) Et, en 1624 " Rabilhage du four par Estienne Bouyssou, masson "Boucherie
Les conditions d'exercice de cette profession et son emplacement faisaient également l'objet de contrats périodiques, cités à huit reprises, par exemple : " En 1632, le consul Abel Biou convient du louage de la boutique à Jean Molinier, boucher à Brusque " ou plus tard, " arrentement de la boutique à Tronq, boucher ".
Maison consulaire - Ecoles
La maison commune, comme les écoles de Brusque, Fayet et La Roque n'occupaient pas de bâtiments communaux et n'apparaissent dans les comptes consulaires qu'à l'occasion du versement des loyers " Le premier consul, Mr du Jour, mandate en 1606 une somme de 6 frans pour louage de la maison du mètre des escolles " ou bien " arrentement de la maison de Jacques Guilhemy pour l'école 6 £ " en 1644, " en 1724, louage de la maison consulaire, bien de l'Hopital : l0 £ ".
Eglises- Presbytères
Le budget consulaire est rarement sollicité pour l'entretien des églises, normalement à la charge des prieurs : " 26-12-1661 : Pinture de la Glise de La Roque : 6£ " , sans que soient donnés les motifs de cette intervention, sur un édifice qui ne fait pas partie, semble-t-il, du domaine communal.
Par contre, la communauté paraît responsable du logement des prêtres desservants et se préoccupe " du déplacement de la maison presbytérale " et " de la réparation du presbytère de Brusque ", " le 14 Août 1749 Estienne Bertrand 1° consul engage 200 £ pour le presbytaire de Mellagues ".
Cette dernière dépense, la seule, sur près de deux siècles de comptes consulairesVoirie - Fontaine
Les directives concernant l'entretien des chemins proviennent de la Généralité sous la forme " d'assignations " prescrivant des visites par les consuls suivies de l'envoi d'un "verbal ". Les entretiens courants devaient être assurés par les " corvées ", mais on n'en trouve aucune mention.
Les frais de réparation de la fontaine sont confiés " en 1647, par Jean Marinhac 1° consul à Baubil, masson ", mais faute de précision, il n'est pas possible de situer celle-ci.
Les actes consulaires permettent de se convaincre que ses seigneurs visitaient rarement leurs terres de Brusque et ne séjournaient guère dans leur château de Fayet.
La plupart des actes, qui mentionnent la seigneurie, varient entre les questions de procédure et les présents de " bien venue " : Ainsi " le 25 Août 1614,le sieur de Cadoulh est mandaté par les consuls, en qualité de sindiq de la Communauté, dans une procédure contre Madame " ou encore " le 15 Février 1618, de Corcoral, greffier des titres et privilèges de la ville, contre Mme La vicomtesse ".
Je souhaite qu'un jour, un chercheur, familiarisé avec le droit féodal, puisse dégager les motifs et l'issue de ces deux procèdures.Au sujet des cadeaux d'accueil du seigneur, lors de ses visites, on pouvait déjà relever dans le budget de 1464 " Item compriey de Marcona hun capô (un chapon) per lo présen de Mossenhor. Costet XX d " ou " Item compriey de Johan Bobalh de la Gravaria hun vedel (un veau) per fayre ne présen a Mossenhor. Costet I scut d'aur ( 154 )
En 1618, le don est plus modeste " Une paire de chaponaux donnée à Madame " ou vingt ans plus tard " Achapt de fromages et bonbons - présents à Madame - 70 £ ".
" Le 22 Mai 1639, achat d'un mouton, chez Barthélémy Jougla de Brox offert à Mgr d'Arpajon "
Mais lorsque l'escorte ducale est plus nombreuse " 6 moutons offerts à Madame ".
Et quand le séjour est prolongé, le motif en est signalé comme " En 1649 séjour à Fayet du sieur d'Arpajon, pour prendre les eaux ".D'autres traditions (ou devoirs des consuls) consistent à assurer " la prédication de carème, par Polycarpe d'Alaz, capucin, (1701) " ou " en 1702 : Reçu 60 £ pour prêche de carème par Laurens, capucin " " et le service de la Chapelle du château de Fayet 6 £ ". Cette dernière charge est assurée au titre de " l'albergue " dûe au seigneur
D'origine plus imprécise, se trouve être " le versement à Fabre, sindic des chapelains de Notre-Dame de Lorette, obit fondé par Madame Jacquette de Castelnau de Clermont " alors que cette chapelle se trouve dans les environs immédiats de la résidence habituelle de notre seigneuresse : Séverac le Château ! C'est une charge non négligeable, puisqu'elle s'élève dès 1678 à 117 £ annuellement .Une dernière dépense, exceptionnelle celle-là, se retrouve " en 1657, Antoine Guilhemy et le baille du village de Tauriac sont désignés pour commander les gens de pied à la revue de Madame la duchesse ".
Notes bibliographiques
( 150 ) Jean Delmas, dans Al Canton Camarès page 50
( 151 ) Jean Delmas, dans Al Canton Camarès page 50/51
( 153 ) Jean Delmas, dans Al Canton Camarès page 50
( 154 ) Jean Delmas, dans Al Canton Camarès page 50