dieu fait du kitesurf sur la baie de Dubaï.
David Babin

-------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

quand j’étais môme je ne chantais pas au revoir monsieur le professeur. Dans la cacophonie générale j’étais ce non-bruit, cette inexistence, ce rien. Va savoir pourquoi, va expliquer ça. Sympa qui plus est et même un ami de ma mère- bonne mère. C'est un acte l’inaction, ça veut dire beaucoup et parfois rien. Foutaise psycho-théoriques. Fait étant pas moyen de sortir un traître son de ce gosier foireux.

c'est un moment comme un autre – un moment comme ça.

Il pleut de la redondance j’ai l’impression que c'est un fil rouge alors que pas du tout. Juste je me rappelle mieux la pluie. Comme cette fois en Italie du Nord pas loin de saint Christophe et de la liberté. C’en était liturgique alors rien que pour moi – ma petite pomme – et pas mal de gouttes se perdent autour de ma tente qui pour le coup n’a plus rien d’étanche. Je les vois dedans/dehors. On est cependant pas si mal. Fatigués/éreintés/cabossés mais l’avenir tout plein devant dans la tête. Rêvant d’un autre ailleurs. Qui serait différent. Qui serait pas plus grand. Pas plus beau. Qui contiendrait des Hommes méritants leur grand H. Un genre de là-bas comme dans les rêves les plus durs, ceux qu’on oublie complètement sauf le goût qu’ils en laissent, le goût de liberté, ça doit être ça le rêve, plus un état d’esprit qu’un état de fait.
C'est quoi la liberté.

On court après.

Halo lointain tout distendu et la photo qui vient avec est dégueulasse un vrai torchon, jamais su y faire va donc. Ne reste qu'à vivre l’instant plutôt que l’immortaliser à qui mieux mieux. L’essuie-glace pourtant est tout rompu qu’il vire lentement mais sûrement de bord jusqu’à quitter le pare-brise larmoyant et valdinguer tout contre la fenêtre du conducteur effaré (clap clop irrégulier) la gueule toute déformée de fatigue et beaucoup de picole. Fardoche. La route glisse les pneus tiennent bon et la lumière des phares déforme l’horizon tout à gauche lui donnant des faux airs de nirvana pour damnés. Neige partout d’hiver. Derrière on ne voit plus Praha depuis longtemps.

Chapka.

Ils disent que c'est un grand carnaval. El Teide en arrière-plan qui veille au grain. Putain c'est un carnaval immense, sud-américain à hauteur de l’Europe. Il n’y a plus de char mais des Gens avec un très grand G qui s’imbriquent à la masse avec un max de sens. Il n’y a de barrières que celles imposées par ton instinct servilo-grégaire autant dire qu'il en reste un nombre MAIS ça te permet de les voir mieux tout ça – tout ce cirque, cette emberlificotage humains et animaux. Tu vois un peu mieux qui tu es. Surtout ce que tu crains. Ce qui te pousse. Ailleurs au fond de toi. Un peu automatique et beaucoup de tremblements.

Sur la route du retour le ciel est bas mais beau et des étoiles.

nicolas, pourquoi tu t’en vas. Sous entendu reste avec moi se dit la tête d’adulte trop vite grandie. Un peu d’ego plaire à un gosse. Peut-être que c'est un vrai pourquoi. (Tu t’en vas).

...

Tout tombe.

Lentement s’effacent les rivages du ..
Hue les chevaux-vapeurs
A dada les bourrins
Que s’écartent pour de bon les eaux de notre rade
Que sautent les dauphins

Il me dit – Erwan chef de file – tu feras le mort.
C'est un tournage genre gros budget à la française sans Luc Besson mais avec Omar Sy. Y a du monde partout, Cécile assistante du réalisateur qui a écrit des BD à l’époque après avoir lâché De Villepin et la politique d’un seul et même fuck, Erwan on l’a déjà dit et Michel aux accessoires qui en jette pour de bon et l’anglaise chef costumière avec de vrais assistantes, et la régie des petits salaires et le maquillage : j’y passe un temps monstre, ceci afin d’avoir l’air mort, correctement décédé par étouffement, c'est un film d’action à la française (sans Luc Besson mais avec Kassovitz).

À la toute fin, dernier appoint de mascara, faut admettre que ça vous change un homme. La mort.

Tu feras le mort qu’il me dit. Compte une bonne heure de maquillage sous les pinceaux. Sont-ce des produits bio. Tais toi. Ensuite tu attends. Lubies, barouf, réécriture. Tu attends. Ne souris pas ne t’expose pas au soleil ne mange ni ne bois. Tu ne seras pas payé. J'ai dit d’accord, sans hésiter.

car ainsi va la cantine de la vie. À s’empiffrer à s’étouffer jusqu'à la lie la grande bouffe occidentale la mort par le trop de tout le déclin par l’ennui l’étouffée vaine l’existence vide. Il ne faudrait jamais s’arrêter, maintenir le mouvement. Perpétuel. Débilitant. Qui annihile ou tout au moins floute les contours de l’absurde. Ne pas s'asseoir naïvement, contemplatif de veine poétique, sur cette margelle bétonnée. 4 gros allemands softeis à la main, dégoulinants, ça pourlèche, y en a partout, plein les babines, gueules d’enterrement de famille proche. Grasses saucisses et choux miteux. Bus qui déverse nez dans le guide tête dans le smartphone et suivez le drapeau oyez spectacle de votre siècle à vot bon cœur on n’en a pas assez. Entreregarde, nargue à tout va si j’en ai plus que toi. C'est s’enfuir qu'il faudrait bien sûr, un autre ailleurs chimère baroque de St Amant.

Il apparaît que le Lenny de Romain Gary (Adieu, Gary Cooper) et l’homme qui dort de Perec aspirent sensiblement au même idéal. Exister sans équivoque ni ambition. Sans amertume ni illusion. Ni prise de position. La panacée de cet univers parallèle (mais palpable) semble être une solitude incomplète agrémentée de rencontres incertaines, fortifiantes en ce qu’elles clarifient les positions, affirment l’ouvrage mais ne prennent jamais au grand jamais pied en la demeure indéfinie du sujet. À quoi bon puisqu’elle n’est pas. S’écoule alors le fleuve tumultueux de l’existence (-ialisme) sans que n’accroche la peau lisse de l’homme/galet. Vénérable survivant inapte au système pas assez con pour mourir d’inadaptabilité.
Il faut vivre pourtant au sens des besoins primaires, faiblesse du corps un peu. De l’esprit beaucoup. Grégaire la bête doit fuir le troupeau contre son instinct même, s’évader sans cesse de son propre corps de sa propre tête. ->-> retour forcé au RIEN, à l’inexistence sociale qui peut-être enfin a un sens de rébellion.
Car le combat du chamboulement prend ses racines d’échec si loin, si profond dans la nature humaine qu’il pue le renfermé et la macération à des kilomètres. Pas de quoi s’embraser, dresser les étendards. On a vu les résultats passés.
« faut qu’on se mette tous ensemble et qu’on change le monde. Mais si on pouvait se mettre tous ensemble, le monde, on aurait plus besoin de le changer. Il serait déjà complètement différent. »
Tout seul tu disparais. Ce qu’il te reste pour artifice, pour vrai ailleurs. Tu penses. Beaucoup. Ça encourage ton engagement nihiliste post-moderne. Chaque fois que tu penses à la tragique mascarade qui t’environne (car elle n’est jamais bien loin). Tu gardes une photo peut-être, une carte postale qui fait du bien. Niaise. Insensée.
Pourquoi ?
Tout seul tu existes enfin.
Tragique on y vient vite. Pour qui ? Quid de la solitude vraie ?
N’est-ce pas enfin l’élan poétique, le plus grand, le plus beau, que de dissoudre ainsi son existence terrestre en immaculée nullité, en vide divin, en quête indécise d’exaltation soufie (disparaître en Dieu ou en soi, on y vient pareillement). Rêver alors d’une poésie de tous les instants, magnifiée, transcendée de petites choses comme est la poésie aboutie. Admettons pourtant qu’ils n’y parviennent pas. Ni l’un ni l’autre. Mais le ton est donné.

Un moteur d’un seul cylindre qui carbure au sans-plomb 95 (indice d’octane mesuré = 85). Poum poum poum longue course et faible vitesse de rotation (s’use moins vite et vit plus longtemps à ce qu’on dit). L’engin donne son rythme. Bien à lui. Mesuré pour rester poli. Agaçant par moments. Des moments comme celui-là où la vision est obscurcie, le champ réduit à trois fois rien. Purée de pois disait ma mère. Et ça ruisselle. À travers le plastique à travers le cuir et le tissu. Jusqu'aux os. Ça dégouline et ça s’infiltre. Tout congelé. Et le vent et les éclairs. Les branches des hêtres agonisent en soubresauts décadents. dans tous les sens. sans queue ni tête. le fouilli. le tumulte. Et l’équipage - frêle, riquiqui - valdingue à tout va. Et que je m’accroche au guidon comme au rameau. et que je pense surtout ne pas penser à la panne, aux bruits bizarres d’hier matin, mécanique malade ou vue de l’esprit paranoïa de l’instant présent. Il a du sens : l’instant loin de la zone de confort. La brèle toussote et puis repart. Soupape ouverte bois le SP et l’air humide. soupape fermée comprime explose transmet la roue qui tourne encore une fois. soupape ouverte recrache son lot de gaz carbonique à la face de la planète toute occupée à sa vengeance. et encore un tour. La relation est absurde mais unique. ((car rien n’a de sens dans la course à nulle part)) Corps avec cette pauvre vieille machine épuisée, loin des lumières de la ville, rien que toi et moi et la promesse que la tempête prendra fin, qu’alors tu crachoteras noir et pourras rendre les armes. mais pas avant car il n’y a pas de plan B, car on s’est mis tout seuls dans cette déveine et que c'est même pas la première fois ; que si ton misérable piston cesse à présent sa course, on va finir frigorifiés, toi et moi. Un peu de vie, on en est près, je crois.

Les mots, faut pas les normer.
faut pas les constriquer
faut laisser dévirer le moulin
Les mots, faut leur donner du sens.

Ce matin, avant qu’ils arrivent. Tous. Avant la ruée vers là. trollstigen dans le brouillard. Presque rien d’autre qu’à exister. On y arrive. Une fois ci une fois là. D’autre rythme que le cœur solitaire et les virages et les lignes d’horizons brisées. Il est jamais plus beau que quand on le voit pas, l’horizon. Pourrait être n’importe où. Pourrait être.

Il y a ce mec. Bizarre. Il ressemble à Jesus mais beaucoup de mecs ressemblent à Jesus ça doit être l’universalité blanche occidentale de Dieu. Il est occupé à déchirer la bible par morceaux et à déclamer des psaumes en allemand. Puis il brûle le morceau et en attaque un autre. Tout ça dans un cab des nineties made in Moscow, Belgium. Je suis dubitatif mais je reste assis là à me demander si on aura de la pluie ce soir.

Mala Strana a bien changé depuis Jan Neruda.
en ce temps là un boulanger
venu d’ailleurs voulant prospérer
se voyait acculé à la faillite
Sa farine. Du cigare. Pouah.
Il terminait pendu et tout à fait ruiné
Aujourd'hui l’Amérique

(sur sa tombe il y a toujours des fleurs)

À part la flotte qui clapote sur la toile enduite

et la lune au loin et une taupe quelque part
aucun bruit
assis (en tailleur les pieds dans le sac)
yeux ouvert et cœur qui bat
Il est 2h42 en itinérance

parfois c'est une rencontre et le rideau qui s’ouvre, on y met de tout on y met du rêve et des mots en trop on y met sans penser des tas d’autours en vrac on y met son soi un peu et puis le trop plein de non-dits qu’on garde en dérobé jusqu’à ce que ça déborde fireworks comme des roman candles et on fait “haaaa” on ne s’y attendait pas

avec l’intention de développer

Le type m’a dit je serais dehors cinq minutes après toi. La ruelle est crade, poubelles en monceaux gouttière, béton, un classique et quinze minutes sont passées déjà ou bien plus et j’ai de nouveau seize ans et la peur au ventre les papillons et le coeur qui pompe à vitesse maximum. Je pense le type attend que je détourne l’attention pour me planter une lame dans le foie et me laisser pour mort agonisant dans le sang et la bile sur ce trottoir inconnu. Je joue avec cette idée

Fabiana est brésilienne mais elle a migré à Londres pour cause de l’emploi ou de sa cruelle absence et qu’il faut bien bosser pour vivre en paix. C'est cher Londres. Cette semaine elle me loue sa chambre d’ami. Le jour elle part (6h) pointer dans une banque. Moi je traîne au salon avec le chat puis je pars faire la bringue. Si je rentre pour dîner (tôt) ils sont là et m’invitent à leur table. Ils parlent portugais entre eux je ne cherche pas à suivre, c'est doux et apaisant comme un massage neuronal. On ne se croise pas beaucoup.

Le jour où je suis parti, il était 4 heures (A.M. car un bus m’attendait de bon matin), Fabiana s’est levé pour me dire au revoir - elle avait laissé un mot au cas où elle ne m’entendrait pas.

si je me promène dans les aéroports les gares les rues à touristes de Madrid écouteurs vissés aux oreilles et son (n’importe lequel) à pleine balle pour voir la foule sans l'entendre supprimer un sens primaire - chaud - sans occulter le reste et qu’elle - C. - me dit mais je ne comprends pas



Il y a de l’existence dans le silence assourdissant des damnés. c’est écouter son magnétisme et celui du sol comme quand les églises poussaient champignons par les campagnes, toujours au bon endroit.

down the road where the smallest things in life suddenly matter more than any huge problem in the world, wear clean clothes, avoid the rain for a while and find some kind of a warm cosy place to sleep at night and protect you from the creepy shits goin’ on out there in the cold cold darkness, share a gaze with a strange stranger you’ll never meet again, forgetting ‘bout society and all the fake values going with it, forgetting ‘bout the whole humankind and its stubbornness in destroying itself, you are, in a way, close to a shiny ephemeral happiness

Guy Viarre a dit : Important 1, 2, 3
1 : l’ami

(charnel, possessif, vital)

back